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Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Anish Kapoor Sky Mirror

Château de Versailles

 

Un miroir qui envoie les jardins vers le ciel

Anish Kapoor a une prédilection pour les matériaux réfléchissants et les formes incurvées, qui dialoguent avec le ciel. Avec Sky Mirror, le visiteur peut admirer les reflets déformés des jardins du château de Versailles.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Anish Kapoor Biographie

Anish Kapoor est né en 1954 à Bombay, en Inde. Après une scolarité au prestigieux internat Doon School à Dehra Dun, en Inde, et un séjour dans un Kibboutz en Israël entre 1971 et 1973, il se rend en Grande Bretagne. Il embrasse une carrière d’artiste et étudie au Hornsey College of Art et à la Chelsea School of Art and Design. Depuis il vit à Londres.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Le public français a pris la mesure du travail de Sir Anish Kapoor lors de la quatrième édition de Monumenta, au Grand Palais. L’oeuvre de Kapoor, Léviathan, était une gigantesque sculpture de trente-cinq mètres de hauteur, composée de quatres formes ovoïdes en PVC. Le spectateur entrait dans la sculpture comme englouti par le ventre de la Bête. ka différence de température avec l’extérieur, l’écho des sons déformé par les parois vibrantes de la caverne, le pods léger mais perceptible de l’air pressuris (qui maintenait la structure en élévation), offrait au spectateur un exercice de contemplation, une expéreince sensorielle.

De l’extérieur, le spectateur le contournait, le contournait, et percevait ainsi l’immensité de l’espace dont il venait de s’extraire. 

ANISH KAPOOR

* Anish Kapoor pendant le montage de dirty Corner, crédit photo Jean-Christophe MARMARA/JC MARMARA/LE FIGARO

La carrière d’Anish Kapoor a vite pris des allures de success story. En 1990, il représente la Grande-Bretagne à la Biennale de Venise. L’année suivante, il remporte la récompense suprême, le Turner Prize. Entre tradition orientale et culture occidentale, il s’est fait connaître par ses sculptures revêtues de pigments purs et par ses oeuvres miroirs qui provoquent le vertige. D’autres, aux formes inquiétantes, de ciment ou de cire, se sont ajoutées, semblant convoquer les forces archaïques.

Les plus grands musées lui ont donné carte blanche, de la Tate Modern à Londres au Guggenheim de Bilbao. Et il a aussi investi l’espace public de pièces monumentales, tel Cloud Gate, ellipse d’acier poli de 100 tonnes, réfléchissant nuages et gratte-ciel en plein Millenium Park, à Chicago.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Entretien avec Anish Kapoor

Vous vous étiez mesuré, il y a quatre ans, au gigantisme de la nef du Grand Palais. Vous voici à Versailles. Comment qualifieriez-vous ce nouvel exercice?

C’est un défi d’un genre différent. La question est de savoir comment un artiste peut intervenir dans un tel endroit. Ce n’est pas un parc de sculptures. Et à quoi cela servirait-il d’ajouter un décor dans le décor ? Versailles représente l’emblème du pouvoir. Alors la seule façon, selon moi, était d’adopter un point de vue politique.

Le rouge, couleur fétiche d’Anish Kapoor. “J’y vois une reine égyptienne qui s’exhibe dans la puissance de sa sexualité”, explique l’artiste.Le rouge, couleur fétiche d’Anish Kapoor. “J’y vois une reine égyptienne qui s’exhibe dans la puissance de sa sexualité”, explique l’artiste.Paul Rousteau pour L’Express Styles

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Comment avez-vous travaillé cette idée?

Je connaissais les lieux avant de recevoir l’invitation de Catherine Pégard. J’y étais déjà venu trois ou quatre fois. J’ai rapidement abandonné le projet d’occuper le château, pour me concentrer sur les jardins, extraordinaires, qui présentent une problématique particulière. Je voulais me confronter à Le Nôtre. Sa vision, singulière, m’a toujours frappé. Il a créé là un objet géométrique presque parfait.

Lorsqu’on se place sur l’esplanade du château, et que l’on a sous les yeux le Tapis vert et la grande perspective, on comprend que cette perfection est soustendue par des notions d’infini, d’éternité, d’immuabilité. Et que tout est contrôlé. On a l’impression que Le Nôtre a éliminé les aspects de la vie qui ne sont pas acceptables, sur un plan politique autant qu’émotionnel : l’image du désordre, du déclin, de la sexualité, de l’abject. La nature elle-même est quasi invisible, bien que l’on soit dans un jardin. J’ai donc cherché à voir ce qui se trouve sous cet impeccable ordonnancement.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

C-Curve, un miroir concave géant, placé sur l’esplanade du château, en perturbe la vision. Vous voulez révéler l’envers du décor?

En quelque sorte. J’ai fait vingt ans de psychanalyse. La notion d’intériorité, au sens freudien du terme, m’intéresse donc particulièrement : ce qui est “en dessous”, caché sous la table, sous le lit, c’est-à-dire les côtés sombres. Alors j’ai appliqué la psychanalyse à l’espace. Je me suis demandé quels étaient les côtés sombres de Le Nôtre.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Et vous avez décidé de mettre le “désordre” dans ce jardin si ordonné.

J’ai voulu voir ce qu’il se passe quand on perturbe sa géographie. Prenez Dirty Corner. De l’esplanade, cette oeuvre donne l’impression que j’ai enlevé la peau du Tapis vert, afin de découvrir le dessous. Moi, j’y vois une reine égyptienne, une Cléopâtre, qui s’exhibe dans la puissance de sa sexualité. Plus loin, on a creusé le sol pour installer Descension, un nouveau bassin, situé entre ceux de Latone et d’Apollon. C’est un maelström dont les eaux noires et tourbillonnantes plongent dans les entrailles de la terre.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir artiste?

Cette envie a germé en Inde, lorsque j’avais 17 ou 18 ans. J’étais un adolescent romantique, et j’ai pensé qu’une voie s’ouvrait à moi. Ne me demandez pas pourquoi. Je connaissais les temples et les sculptures indiennes, mais je n’avais jamais rencontré d’artiste, jamais vu aucune peinture. C’était fou. [Rires.] J’imagine que l’atmosphère de ces années 1960-1970 a contribué à mon choix. Beaucoup d’Européens venaient rechercher en Inde quelque chose d’indéfinissable, de mystérieux. C’était l’époque des hippies. Leur quête de spiritualité a sans doute enthousiasmé ma naïveté d’adolescent. Peu après, je suis parti en Angleterre, et j’ai commencé des études d’art.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Vous insistez sur l’idée de mystère.

Parce que l’art résulte d’un processus mystérieux. Le travail dans l’atelier ressemble à une séance avec votre analyste. Vous êtes allongé et vous parlez avec lui. Au bout d’un moment, quelque chose se passe, vous ne savez pas comment ni ce que c’est précisément. L’acte de création s’en approche. Si un artiste se met à travailler en se disant “Je sais”, il n’arrivera à rien. Créer n’est pas rationnel. C’est lorsqu’on ose dire “Je ne sais pas” que les choses deviennent possibles. Il faut se fier à son intuition. Mais il ne s’agit pas simplement de saisir une idée qui surgit au milieu de la nuit. C’est le fruit d’une longue gestation.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Quel est le rôle de l’artiste?

L’artiste ne sert pas à fabriquer des objets. Et il n’apporte pas de certitudes. Tel un poète, il élabore des hypothèses. Ses oeuvres sont de l’ordre de la phénoménologie. C’est un idiot savant. L’un des artistes qui m’a le plus influencé est Marcel Duchamp, non pas le Duchamp de l’urinoir, qui affirme que tous les objets sont de l’art. Je n’y crois pas. Ses pièces intitulées Le Grand Verre et Etant donnés m’apparaissent en revanche essentielles parce qu’elles permettent des interprétations mystiques. Peu d’oeuvres conservent, comme elles, durablement leur mystère.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Vous êtes l’un des plasticiens les plus connus. On vous sollicite dans le monde entier. On vous admire. Qu’avez-vous appris durant toutes ces années?

Rien… [Rires.] Ou plutôt si, une chose : très tôt, j’ai appris à ne jamais croire ce que l’on me dit. Si on se laisse prendre par le succès, on est mal. Finalement, on doit de toute façon retourner travailler le lendemain dans l’atelier. Il faut rester critique envers soi-même, ne jamais se prendre pour un professionnel ni jouer les savants. Garder l’esprit d’un amateur. C’est la seule façon de continuer à être un artiste.

Anish Kapoor Sky Mirror Versailles

Sources : l’express styles (Paul Rousteau), le Figaro

Magazine : Les carnets de Verasilles, numéro 7, article “Kapoor : de ciel et de chair”, de Victor Guégan 

60 commentaires pour “Anish Kapoor Sky Mirror Versailles”

  1. Bonjour Francine, serais-tu absente?
    Je ne vois aucun commentaire sur ta page, j’espère que tout va bien pour toi.
    Je te souhaite une belle fin de semaine.
    Bisous.

  2. Je n’apprécie pas trop le mélange ancien et contemporain . Dans un autre contexte peut être que …..
    Merci pour ce partage
    Bonne soirée
    Ely

  3. Vraiment des réalisations originales … bizarres osmoses entre les époques ….
    Belle soirée par chez Toi Francine … soirée frisquette après le soleil de la journée qui ne nous réchauffe pas pour autant !!
    Bises du cœur !
    Nicole

  4. toujours de sublimes photos
    de retour de Chine, un petit bonjour frileux, beaucoup de choses à faire.
    et toujours un gros rhume, bonne journée.

  5. Il y a de quoi se régaler sous tous les angles avec ces miroirs , j’aime beaucoup ces structures 😉
    Bonne journée Francine (:-*

  6. Bonjour Francine,
    Je sais bien que ces oeuvres monumentales sont à la mode, mais décidément, je n’accroche pas lorsqu’elles sont installées dans des endroits historiques…
    Bonne journée
    Frans

  7. Bonjour Francine,
    Zut alors tu as eu tant de pluie que ça !!!! moi c’était grésil lundi
    mais dimanche pas de pluie ! tu es allée voir néro ? il y a un moment que tu n’as pas donné de nouvelles !!!
    Bonne journée, bises

  8. Bonsoir Francine: ces jeux de miroir déformant fascinent notre cerveau peu habitué à voir le monde qui nous entoure ainsi fait. Nous nous prenons aux jeux et les photographes s’y amusent. Au jardin du casino de Monaco , il y en a un , et à chaque fois que je passe là, je ne peux m’empêcher de prendre une photo. Bises et bonne fin de soirée

  9. Coucou Francine,
    oh! je suis la première à répondre aujourd’hui! Quel événement!
    En plus je trouve cette initiative particulièrement réussie, c’est une bonne idée d’envier les photos au ciel! Je demanderai à ma copine (décédée il y a peu si elle les voit, mais elle ne répond pas toujours et comme je ne suis pas médium??)
    Sans blague c’est joli et on vit des choses différentes selon l’endroit où l’on est. Bon mercredi et bisous.

  10. bonsoir superbes photos qui donne envie d’aller a la rencontre de cet artiste il fait des belles choses jspr que tu va bien merci de la visite bonne soirée bisous

  11. Bonsoir Francine,
    J’aime beaucoup, c’est vraiment une idée superbe dans un lieu magnifique !
    A Monaco, dans une fontaine, il y a une grosse boule qui fait miroir, les gens aiment se prendre en photo là devant, je l’ai aussi fait, ça donne un beau rendu.
    Merci pour ce superbe article.
    Je te souhaite une très bonne soirée.
    Bisous.

  12. Bonjour Francine,
    Plus te présente ses oeuvres plus je les aimes,
    Celle-ci ne me dérange pas du tout, et je trouve même originale,
    Merci pour ce partage,
    Une belle journée,
    Bisous,
    David,

  13. Bonjour Francine,
    Encore un beau chef d’oeuvre, dommage que tout ça ne reste pas au moins une année !!
    que beaucoup de gens en profitent, il y a beaucoup de visiteur , je vois !!! mais rarement les mêmes !!
    elle tourne cette boule ? c’est extraordinaire ce que certains sont capables de réaliser !!!
    Bonne soirée, bises

  14. Bonsoir Francine c’est une superbe idée de voir ainsi les jardins de cette façon je trouve cela géniale bonne soirée à toi bisou Claudine Daniel

  15. Bonsoir, il y avait des choses à découvrir dans les jardins ….que ne ferait-on pas pour distraire le public…il fait frisquet , je suis allé à l’étang faire un tour mais il y avait trop de vent , je n’ai vu que des mouettes …Bonne soirée ..Bisous de nous deux.

  16. Kapoor, ses oeuvres surtout ont beaucoup fait parler d’elles l’été dernier. Hâte de voir ce que le danois Oliafur Eliasson va exposer à Versailles dès le retour de la belle saison. Tes photos sur Versailles sont très belles. Je me répète mais c’est tellement vrai ! BIsous

  17. Bonjour Francine, un grand merci pour tes magnifiques photos. C’est de toute beauté. Merci également pour tes explications.
    Belle fin de journée et mes amitiés.
    Bisous

  18. J’aime bien cette idee des miroirs et des reflets du ciel et des hommes dans les jardins de Versailles bonne journee bisous

  19. J’aime beaucoup cette oeuvre là aussi, et je suis contente d’avoir vu l’artiste !
    Bravo à toi pour tes belles photos
    Bisous
    Am

  20. Re-bonjour,
    Je viens de lire ta réponse sur mon blog .
    Je sais que mes propos sont tout à fait subjectifs et c’est d’ailleurs un des intérêts d’une exposition de susciter des discussions …
    Que Louis XIV aurait aimé l’art d’Anish Kapoor , je ne sais pas , je ne me prononce pas : le classicisme a été une réponse si claire aux extravagances du Baroque ….
    Si j’habitais la région parisienne , j’y serais allée , à Versailles , voir ces oeuvres .
    Passe un bel après -midi , bien qu’un peu hivernal .

  21. bonjour francine on pourrait penser que cette sculpture pourrait capter le monde des étoiles elle est superbe je trouve merci de ta visite que ma fait plaisirs bonne après midi bise

  22. Bonjour Francine, jolie cette grosse boule de quoi faire une partie de pétanque géante!
    Il manque le cochonnet rouge (rire).
    J’espère que tu as le soleil avec toi, ici il brille beaucoup plus que ces jours derniers.
    Je te souhaite un bon après-midi.
    Bisous.

  23. Kikou Francine,
    magnifique reportage !
    Pas beaucoup de neige, juste un peu pour dire qu’il en est tombé de la nuit, nous voyons l’herbe au travers.
    Quand je me suis levée il neigeotait et là le soleil fait une timide apparition mais ça caille.
    Passe un bon lundi, gros bisous et à mercredi, j’expliquerai pourquoi dans mon billet de demain.
    Nadine

  24. Etait-ce vraiment nécessaire de s’évertuer à fissurer à Versailles l’idéal de Le Nôtre ?Et le public , en fait , y verra-t-il quelque chose d’aussi pensé , psychanalytique et politique , ou bien seulement des réalisations ludiques et ” décoratives ” ?
    Personnellement , je trouve que ce miroir concave et son support sont un véritable pied-de-nez dans cet endroit – non que je trouve qu’il faille sacraliser Versailles , mais c’est une oeuvre , dont on doit respecter l’esprit .Et cela me fait penser à Victor Hugo à qui on prête ces mots :” Défense de déposer de la& musique au pied de mes vers !”
    Pour autant cet artiste est un personnage captivant !
    Bises .

  25. Coucou ma Francine.
    Cette sculpture équipée de ses 4 miroirs ovoïdes est impressionnante. Une belle idée pour refléter les merveilles du château de Versailles et de son parc. Merci pour ces très belles photos et tes explications si complètes. Bises et bon début de semaine.

  26. Jouer avec les reflets , les formes , les couleurs d’accord ! L’esplanade prend pour moi des allures de plage sur certaines de tes photos ! Mais adhérer aux grandes idées qu’il annonce : non ! C’est du blabla, je préfère garder les pieds sur terre et admirer sans plus ! Belle semaine Francine bisous

  27. A te lire, c’est un artiste qui aime bouleverser l’ordre établi, et pourquoi pas ? sinon on ronronne !
    J’aime bien cette oeuvre, ce doit être amusant en plus de regarder le monde déformé.
    Bonne journée et merci

  28. Hello Francine
    Me voici revenu de mon séjour à Florence. Même si le temps a été pourri à cause de la pluie qui n’a pas arrêté pendant ces 3 jours, cela ci, n’a pas fait en sorte de nous saccagé le moral. L’Italie est tellement belle que l’on en a eu plein les yeux. Elle a se charme et cette classe qui ne se trouve nulle part ailleurs qu’au pays de la dolce vita….

    A Bientôt

    Bizz
    Pat

  29. voir les jardins de LE Nôtre sous un aspect de psychanalyse, et comme une reine égyptienne qui se dénude, résume pour moi ce personnage tout aussi étrange que ses oeuvres.
    Il veut déclencher la curiosité des gens, il y a réussi, pour moi ces réalisations sont des curiosités, mais pas des oeuvres au sens où je l’ entends, c’ est à dire comme les tableaux et les sculptures d’ un Michel Ange !
    Cela dit ce miroir a une certaine élégance, un peu comme un lac dans lequel se reflète la berge et le ciel !
    Bravo pour tes photos, elles sont vraiment très belles !
    Passe une bonne journée
    Bisous

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